20 ans de REC : les artistes de la 42ème rue du 8 septembre. Simon Froget-Legendre

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Quelle fut votre pre­mière émo­tion, ou votre plus grande émo­tion liée à une comédie musicale ?
J’ai ren­con­tré la comédie musi­cale très tar­di­ve­ment et l’un des pre­miers et plus mar­quants sou­venirs, c’est quand j’é­tais encore élève ingénieur. Lors d’un stage d’as­sis­tant pro­duc­tion à Mon­tréal, je tra­vail­lais sur le fes­ti­val Next Wave, qui accueil­lait à l’époque Le Prince et Le Pau­vre, de Ludovic Alexan­dre Vidal et Julien Salvia. Ordi­na­teur sur les genoux, j’as­sis­tais à la sitzprobe, et je me sou­viens très claire­ment du moment du final ; les émo­tions étaient décu­plées par la présence de l’orchestre et je me suis dit : ma place est avec eux. C’est le jour où j’ai défini­tive­ment acté ma recon­ver­sion effec­tuée un an et demi plus tard.

Pour vous quels sont les ingré­di­ents pour une comédie musi­cale parfaite ?
J’en place deux très impor­tants : 
Pre­mière­ment dans l’écri­t­ure, je vais être très sen­si­ble au livret. J’ai sou­vent aimé la par­ti­tion d’un musi­cal mais été déçu par le livret, rarement l’in­verse. L’ex­em­ple que je donne, c’est Next to Nor­mal, un de mes musi­cals préféré. J’ai d’abord écouté les musiques, sans trop accrocher. Et en ter­mi­nant le livret, musiques dans les oreilles, je me suis dit que je venais de décou­vrir un chef d’œu­vre. Deux­ième­ment, il y a aus­si la manière dont le musi­cal est amené à la scène, et dont l’équipe artis­tique col­la­bore. Pour moi, un point essen­tiel, c’est d’avoir un trio directeur musical/chorégraphe/metteur en scène qui tra­vaille main dans la main. La choré­gra­phie, c’est de la musique, la mise en scène, c’est de la choré­gra­phie, la musique, c’est de l’in­ter­pré­ta­tion. Quand les trois représen­tants des trois pôles sont présents à toutes les répéti­tions, on gagne telle­ment ! Com­ment, sinon, faire coïn­cider les accents de la choré­gra­phie avec la prosodie et les enjeux de la chan­son ? Il se passe telle­ment de choses imprévues en répéti­tion, c’est opti­mal d’avoir tout le monde pour creuser les idées nées au plateau.

Vous faîtes par­tie de la généra­tion émer­gente, quel sens cela a‑t-il pour vous ?
C’est grisant ! Se dire qu’on a des idées de ce que serait le paysage idéal pour le musi­cal et être en pre­mière ligne pour le façon­ner… On part d’un paysage qui est loin d’être mau­vais, mais on en con­naît tous les dys­fonc­tion­nements. Pou­voir l’amélior­er avec nos  » rêves de jeunesse », c’ est pré­cieux. 
C’est un bon­heur de ren­con­tr­er, jour après jour, ces gens qui veu­lent tous œuvr­er dans la même direc­tion. Créons, les amis, créons !

Quel rôle rêvez-vous d’incarner et pourquoi ?
Aujour­d’hui, je plaque tout pour jouer Jamie dans The Last Five Years ! Il y a des œuvres qui nous touchent, mais par­fois aus­si des per­son­nages, Jamie est l’un d’eux. 
Et puis… Dans quelques années, je rêve d’un Leo Frank dans Parade. Sa seule chan­son  »This is not over yet » m’a scotché à cette œuvre. Tiens… Deux rôles de Jason Robert Brown… Coïn­ci­dence ? Je ne pense pas !

Si vous pou­viez deman­der à un auteur com­pos­i­teur d’écrire un rôle spé­ciale­ment pour vous, quel serait-il ?
Eh bien mon emploi pre­mier étant sur les per­son­nages comiques et/ou jeunes pre­miers, je lui deman­derai de me défi­er avec un rôle dra­ma­tique. J’ai ça quelque part en moi que j’aimerais bien exploiter, d’au­tant que j’ai un faible pour les belles et grandes chan­sons à enjeu.

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