Café polisson (Critique)

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Mise en scène : Jacques Verzier

Avec : Nathalie Joly, Jacques Verzi­er ou Gilles Vajou, Béné­dicte Charpi­at, Carmela Del­ga­do, Jean-Pierre Gesbert

Café Polis­son réu­nit des chan­sons du Sec­ond Empire et de la Belle époque. Qu’elles soient cru­elles ou drôles, le cabaret Parisien leur offre un écrin pour racon­ter les vicis­si­tudes de l’existence. Dans la cap­i­tale du plaisir on se presse au caf conc’ se diver­tir en écoutant des chan­sons. La pros­ti­tu­tion est au cœur de l’activité théâ­trale. Mais le style « beuglant » assim­i­le le méti­er de chanteuse à celui de pros­ti­tuée ou de cocotte.

Notre avis : Dans le superbe théâtre en bois de la Car­toucherie, le spec­ta­teur, accueil­li par l’ou­vreur et le pom­pi­er de ser­vice, se trou­ve plongé dans une ambiance « caf’ conç’ ». La beauté d’une scéno­gra­phie de toiles peintes mag­nifiées par des éclairages sub­tils et une bande son soignée per­me­t­tent de se plonger dans ce monde inter­lope. Quelques élé­ments de décor atten­dent sage­ment de pren­dre vie : là une table, ici un promon­toire rond, là des tapis, ici un piano. Une femme, comme l’âme du lieu, impec­ca­ble Béné­dicte Charpi­at, plante le décor avant que n’arrive celle qui va égren­er un chapelet irré­sistible de chan­sons réal­istes, mais pas que. Nathalie Joly con­naît la chan­son puisqu’elle explore depuis bien­tôt une décen­nie ce réper­toire, avec comme guide Yvette Guil­bert. Plusieurs spec­ta­cles sont nés de cette ren­con­tre, à chaque fois séduisants et instruc­tifs. Ici les rela­tions tar­ifées, qu’elles soient théâ­trales ou sim­ple­ment entre êtres humains, seront au cen­tre de ce spec­ta­cle musi­cal de très haute tenue. L’interprète une fois encore se révèle être la digne héri­tière de ces diseuses d’un temps révolu. Met­tre en avant ces airs peu con­nus stim­ule chaque spec­ta­teur, le bous­cule, l’invite à réfléchir sur divers sujets, au cen­tre desquels la con­di­tion fémi­nine et son évolution.

Car si nom­bre d’airs prê­tent à s’amuser, tant l’inventivité des paroles et des images util­isées atteignent des som­mets, la tonal­ité du spec­ta­cle révèle une cer­taine grav­ité. Au piano Jean-Pierre Ges­bert ne se con­tente pas d’être un bril­lant accom­pa­g­na­teur, mais se trou­ve inté­gré de manière maligne dans le spec­ta­cle tout comme le pom­pi­er de ser­vice qui ne fera pas que des pom­pes. Elé­gante et pré­cise mise en scène signée Jacques Verzi­er, qui donne sa juste place à cha­cun et cha­cune. Ain­si Carmela Del­ga­do qui n’a pas que quelques morceaux de ban­donéon à jouer, mais occupe dis­crète­ment une place de choix dans le réc­it. Evo­ca­tion d’un temps ancien, donc, mais avec quelle fougue et quelle moder­nité. Il ne reste que trois représen­ta­tions, ren­dez-vous à la Car­toucherie pour ce ren­dez-vous passionnant.

Pour réserv­er vos places, con­sul­tez le site du théâtre.

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