Le Mikado

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opérette en 2 actes d’Arthur Sul­li­van sur un livret de William Gilbert
nou­velle ver­sion française de Gilbert Lemasson

direc­tion musi­cale: Lau­rent Zaïk
mise en scène: Renaud Boutin

avec: Jérôme Del­tour, Louis-Héol Cas­tel, Alain Giron, Bernard Zakia, Math­ieu Guigue, Nora Ketir, Cather­ine Simon-Ver­mot, Sophie Casas­no­vas, Michèle Plo­coste et Gaël Rougegrez.
Choeur Le Groupe Lyrique
Orchestre Bernard Thomas

Résumé: Dans le Japon de fan­taisie où nous entraî­nent les auteurs, les lois sont aus­si bizarres que cru­elles : on y est con­damné à mort pour flirt ! C’est ce qui est arrivé dans la com­mune de Titipu au pau­vre tailleur Ko-Ko, mais la ville s’oppose à la sévérité du Mika­do en nom­mant Ko-Ko « Haut-bour­reau-en-chef ». De cette façon, toute exé­cu­tion cesse, puisque le nou­veau pro­mu ne saurait se couper la tête lui-même. Mais on annonce la venue du grand Mika­do, empereur du Japon : il souhaite assis­ter à une exé­cu­tion cap­i­tale (son péché mignon). Com­ment le sat­is­faire quand on est un bour­reau novice et incom­pé­tent, qu’on n’a aucun con­damné, ni même de volon­taire à se met­tre sous le sabre ? De plus, voilà que sa pro­pre fiancée est amoureuse d’un jeune musi­cien ambulant…
Entre les mani­gances et déc­la­ra­tions d’amour déli­rantes et rocam­bo­lesques du livret de William S. GILBERT, lais­sez-vous emporter par la somptueuse musique d’Arthur SULLIVAN jusqu’à un dénoue­ment aus­si drôle qu’inattendu.

Notre avis: A la fin du XIXème siè­cle et pen­dant plus de vingt ans, l’opérette anglaise a été dom­inée par les pro­duc­tions du duo for­mé par le com­pos­i­teur Arthur Sul­li­van et le libret­tiste William Gilbert qui livrèrent pas moins de qua­torze œuvres entre 1871 et 1896. Leur plus gros suc­cès fut sans con­teste Le Mika­do qui fut créé en 1885 et con­nut 672 représen­ta­tions au Savoy The­atre. S’il est assez mécon­nu en France, il reste encore aujourd’hui très célèbre dans le monde anglophone.

Un tel spec­ta­cle qui a été écrit pour émer­veiller par la flam­boy­ance des décors et des cos­tumes sem­ble dif­fi­cile à mon­ter par une troupe ama­teur aux moyens for­cé­ment lim­ités. Et pour­tant la mise en scène de Renaud Boutin arrive très intel­ligem­ment à con­tourn­er les prob­lèmes. Il ne cherche pas à mon­tr­er le Japon, mais plutôt à le sug­gér­er. Il n’y a que très peu de décors et c’est par l’éclectisme des formes théâ­trales qu’il créé l’ambiance d’un Japon imag­i­naire, un Japon de théâtre. Il mêle danse, mar­i­on­nettes, clowns au théâtre musi­cal tra­di­tion­nel. L’orchestre est sur scène et toute l’action se joue devant lui. Le chœur est tel un chœur antique, il sem­ble là pour regarder l’action et la com­menter plus que pour y par­ticiper. Un danseur (Gaël Rouge­grez) ponctue avec beau­coup de grâce la dra­maturgie, il met en exer­gue les moments forts, il accom­pa­gne cer­tains per­son­nages. De très belles mar­i­on­nettes manip­ulées par le chœur posent l’intrigue avant de laiss­er place aux comé­di­ens et revi­en­nent en con­clu­sion du spectacle.
L’ensemble est très cohérent et offre un spec­ta­cle d’une très grande richesse.
Les mag­nifiques cos­tumes de Cécil­ia Delestre emprun­tent autant à l’esthétique tra­di­tion­nelle japon­aise qu’au cirque ou au man­ga. Cela accentue le côté déli­rant du Japon imag­iné par Gilbert et Sul­li­van. Avec les très belles lumières de Pierre Daubigny cela donne un spec­ta­cle visuelle­ment magnifique.

L’orchestre dirigé par Lau­rent Zaïk est excel­lent et sou­tient avec beau­coup de dynamisme le chœur et les solistes. Le chœur, unique­ment com­posé d’amateurs, est d’une rare qual­ité, il est par­faite­ment homogène et équilibré.
Les solistes défend­ent leurs per­son­nages avec con­vic­tion et humour. S’ils accusent par­fois quelques faib­less­es au niveau du rythme de jeu, ils for­ment une troupe soudée et con­va­in­cante. On retien­dra tout par­ti­c­ulière­ment la presta­tion du bary­ton Math­ieu Guigue qui fait preuve d’une aisance vocale et théâ­trale remarquable.

Le spec­ta­cle est présen­té dans une nou­velle ver­sion française qui néces­si­ta plus d’un an de tra­vail à Gilbert Lemas­son et qui respecte au-delà de la sim­ple tra­duc­tion l’intrigue, l’humour anglais ain­si que les nom­breuses sub­til­ités du texte orig­i­nal qui joue beau­coup des asso­nances, des rimes, des allitérations.
Tous ces tal­ents con­jugués nous per­me­t­tent de pass­er une excel­lente soirée.

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