Les Petits Maîtres du grand hôtel (Critique)

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Une comédie musi­cale doc­u­men­taire écrite et réal­isée par Jacques Deschamps.

Sor­tie le 25 sep­tem­bre 2019. Durée : 1h20

Notre avis : Le réal­isa­teur Jacques Deschamps a séjourné presque par hasard dans cet « hôtel école » et, con­sid­érant ce lieu comme une scène de théâtre avec ses décors, ses cos­tumes et ses répliques sans cesse rabâchées et des­tinées aux futurs clients, a eu l’inspiration d’en faire une comédie musi­cale doc­u­men­taire. Il insère donc des chan­sons, créant de fac­to, par cet arti­fice, une œuvre par­ti­c­ulière. Le par­ti pris s’avère amu­sant et les appren­tis, qu’ils dressent une table, net­toient une cham­bre ou s’affairent en cui­sine, jouent volon­tiers le jeu, et avec un cer­tain plaisir. Il en résulte un film ten­dre et touchant, y com­pris dans ses mal­adress­es. S’il n’est pas pio­nnier en la matière (Chante ton bac d’abord, sor­ti égale­ment au ciné­ma, ou encore La Part de rêve, dif­fusé récem­ment sur France 3), le réal­isa­teur parvient à créer cette dis­tance avec son sujet, qui ajoute à l’émotion qu’il sus­cite. En effet, chanter et danser révè­lent bien plus que de sim­ples témoignages. Le réal­isa­teur recueille de temps à autre la parole des appren­tis, dans de brèves séquences qui per­me­t­tent de suiv­re le par­cours d’un jeune homme un peu rebelle qui hésite franche­ment à pour­suiv­re dans la voie hôtelière, ou de son ami qui, lui, a choisi de s’accrocher. Dans leur futur méti­er, ils res­teront plutôt dans l’ombre, au ser­vice de leur clien­tèle ; le film les met en lumière avec cette styl­i­sa­tion que con­fère la comédie musi­cale. Joli con­traste qui offre un éclairage sen­si­ble sur la rudesse de cet appren­tis­sage. La com­plic­ité entre les jeunes et le réal­isa­teur s’est tis­sée durant son année de présence avec eux, et grâce à la manière dont ils ont été étroite­ment inté­grés au proces­sus de fab­ri­ca­tion du film, indis­pens­able avec un tel dispositif.

Marie-Jeanne Serero, la com­positrice, n’a pas hésité à pro­pos­er des musiques nour­ries de divers­es influ­ences. Si le film s’ouvre avec un rap, l’air suiv­ant sem­ble sor­ti des années 50. Les chan­sons, sou­vent prime­sautières, inter­vi­en­nent de temps à autre, et per­me­t­tent égale­ment de se moquer gen­ti­ment de la rigid­ité de l’enseignement. À tel point que les enseignants eux-mêmes par­ticipent à cer­tains numéros. Voilà qui crée une unité assez déli­cieuse où l’on par­le de bien pel­er une orange, de com­ment bien cuisin­er en respec­tant le chef, même si c’est une guigne, ou encore de l’enquiquinement que représente une cham­bre à net­toy­er. À con­di­tion de se laiss­er porter, une sorte de sec­ond degré s’installe gen­ti­ment. L’hôtel Les­digu­ières, situé à Greno­ble, a fêté ses 100 ans. Voilà un bel et orig­i­nal anniversaire.

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