Londres — The Braille Legacy (Critique)

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Livret et lyrics : Sébastien Lan­crenon (traduits par Ran­jit Bolt)
Musique : Jean-Bap­tiste Saudray
Mise en scène : Thom Southerland

Résumé : Le show, une créa­tion française adap­tée en anglais, relate l’histoire du jeune Louis Braille qui, à quinze ans et con­tre les préjugés de l’époque, invente un sys­tème de lec­ture tac­tile qui ouvre la voie de la cul­ture et de l’autonomie aux non-voyants.

Notre avis : Le spec­ta­cle est d’abord l’occasion de décou­vrir le des­tin incroy­able de Louis Braille, dont on ne con­naît habituelle­ment que l’alphabet qui porte son nom. On pénètre avec effroi l’univers impi­toy­able de l’institut pour jeunes aveu­gles qu’il fréquen­tait et l’atmosphère hos­tile de la Restau­ra­tion où l’on glo­sait ouverte­ment de la façon dont il faut traiter les “malades”. Une dizaine d’enfants presqu’enchaînés subis­sent brimades et injus­tices dans le pur esprit d’Oliv­er Twist et Spring Awak­en­ing. On ne peut échap­per à un sen­ti­ment de malaise quand on apprend que cer­tains enfants sont sac­ri­fiés pour les besoins de la sci­ence, au nom d’ignobles théories util­i­taristes. Lueurs d’espoir, Louis Braille et son men­tor, le Doc­teur Pig­nier, se bat­tent pour un avenir meilleur.

L’univers musi­cal de Jean-Bap­tiste Saudray reflète le mis­éra­bil­isme ambiant avec de forts accents Mis­érables-istes. On ne peut s’empêcher de penser à Jean Val­jean quand Jérôme Pradon prêche pour les mal­heureux et réclame “Lib­erté, Egal­ité, Fra­ter­nité” de sa voix si car­ac­téris­tique vibrant de souf­france sincère. C’est mal­heureuse­ment l’une des rares fois où il chante seul plutôt que dans des chœurs un peu sys­té­ma­tiques et telle­ment exaltés qu’on croirait des finals prématurés.

La mise en scène de Thom Souther­land, dont on a déjà sou­vent souligné le tal­ent, présente de beaux tableaux clairs-obscurs dynamisés par des allées et venues sur une struc­ture à étage qui piv­ote au cen­tre de la scène. La part belle est faite aux enfants, par­fois très jeunes, crédi­bles et touchants. Mais LA révéla­tion est Jack Wolfe, qui inter­prète Louis Braille avec une déli­catesse cor­porelle et vocale toute par­ti­c­ulière. Il béné­fi­cie des chan­sons les plus intro­spec­tives et les plus mélodieuses, mag­nifiées par une voix d’ange mêlant douceur et assur­ance. Il rend cer­taine­ment un digne hom­mage au per­son­nage exem­plaire à qui il redonne vie.

Lire aus­si notre entre­tien avec Sébastien Lan­crenon.

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