Opéraporno

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Week-end famil­ial à la cam­pagne, mais la fête dégénère : tromperies, sexe à gogo, scat­olo­gie et orgies enchan­tées. Toutes les lim­ites sont franchies. Cette opérette mar­que un nou­v­el essor pour une pornogra­phie chan­tante, décomplexée.

Notre avis : Il est cer­tain qu’avec un titre pareil, ce spec­ta­cle (« réservé aux adultes ») cherche à tit­iller l’attention ! Pas du tout un opéra au sens tra­di­tion­nel du terme, ni même pornographique au sens des films classés X, il prend plutôt la forme d’une pièce de théâtre avec numéros chan­tés dont les sit­u­a­tions sont presque exclu­sive­ment d’ordre sexuel.
Ce week-end à la cam­pagne en famille (le père, sa mère, sa nou­velle com­pagne et son fils) s’ouvre presque inno­cem­ment d’un ton léger à la manière d’un vaude­ville bucol­ique pour gliss­er bril­lam­ment et sans pré­cau­tion dans la loufo­querie et l’absurde. Au rythme de cocasseries à rebondisse­ments, les allu­sions sex­uelles se font tout à fait explicites, les dia­logues plus crus et les emboî­tages de per­son­nages de plus en plus inat­ten­dus. La soirée avançant, le bou­chon est poussé tou­jours un peu plus loin… au point qu’on frôle le cat­a­logue – et encore, pas in exten­so ! – des com­bi­naisons et pra­tiques sex­uelles humaines, sans que cela ne soit tou­jours au ser­vice d’une intrigue, qui, mal­gré des quipro­qu­os par­ti­c­ulière­ment auda­cieux, s’essouffle faute de ressorts. Et si la verdeur de lan­gage et la pan­tomime sex­uelle sont prob­a­ble­ment des­tinées à cho­quer un pub­lic non aver­ti (mais qui n’est pas aver­ti de nos jours ?) ou à amuser un spec­ta­teur com­plice, plus de sug­ges­tion ici ou là n’aurait-elle pas été plus effi­cace, plus trou­blante et dia­ble­ment plus excitante ?
Plus que cette escalade du trash, on retient une musique qui varie effi­cace­ment les ambiances, entre descrip­tions print­anières et rythmes plus déjan­tés, et sait s’enrichir des couleurs du vio­lon­celle et de poly­phonies réussies ; une scéno­gra­phie fournie et ingénieuse qui, grâce à des élé­ments de décors tour­nants, favorise la flu­id­ité ; et surtout des artistes, tous tal­entueux dans leurs reg­istres de per­ver­sions, qui camp­ent – dans toutes les posi­tions et sans retenue – leurs per­son­nages avec une lubric­ité jouis­sive et un déchaîne­ment com­mu­ni­catif, et met­tent le paquet pour faire jail­lir le rire de répliques foutrement bien troussées.

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