Spamalot

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St. James Theatre – 246 West 44th St, New York.
Première le 16 novembre 2023.
Toutes les informations sur le site du spectacle.

Les fans des Mon­ty Python attendaient depuis le mois de mai le trans­fert de cette reprise tant appré­ciée qui avait tenu l’affiche pen­dant deux semaines au Kennedy Cen­ter à Wash­ing­ton, D.C. Ils ne vont pas être déçus : cette comédie musi­cale exubérante créée en 2005 reprend le nar­ratif du film célèbre sor­ti en 1975 en y ajoutant des élé­ments issus de l’émission télévisée Mon­ty Python’s Fly­ing Cir­cus et des chan­sons écrites par Eric Idle, auteur du livret et des paroles, et John DuPrez, créa­teur de la musique et com­pos­i­teur attitré dans les films du groupe, dans une pro­duc­tion écla­tante de joie, de bon esprit et de couleurs sous la direc­tion experte de Josh Rhodes, égale­ment respon­s­able de la chorégraphie.

Il faut bien sûr con­naître et appréci­er le style un peu déjan­té des Mon­ty Python, mais ce n’est là qu’un détail, car dès le lever du rideau sur un docte pro­fesseur par­lant de l’Angleterre médié­vale et de la légende du roi Arthur avant d’être rem­placé par des danseurs et chanteurs cla­mant les mérites de la Fin­lande (ils se sont trompés de pays), il n’en faut pas plus pour se laiss­er pren­dre au jeu et com­pren­dre que le ton de la soirée sera le même de bout en bout – déli­rant, hors norme, mar­rant quoi ! Le spec­ta­cle idéal pour pass­er une bonne soirée au théâtre.

Spa­malot ©Matthew Mur­phy et Evan Zimmerman

L’histoire en est fort sim­ple et bien con­nue : le roi Arthur à qui la Dame du Lac a décerné Excal­ibur, une épée mag­ique, qui mar­que son autorité sur les gens autour de lui (« D’étranges femmes qui gisent au fond d’une mare et dis­tribuent des épées à tout venant, ce n’est pas là une mar­que d’autorité », lui déclare un paysan) cherche à recruter les cheva­liers qui siégeront avec lui autour de la Table ronde à Camelot et, quand Dieu lui ordonne de retrou­ver le Saint Graal, l’aideront dans ses recherches.

La comédie musi­cale repose essen­tielle­ment sur le scé­nario du film avec des scènes qui sont dev­enues famil­ières – les noix de coco ser­vant à imiter le galop des chevaux ; la vis­ite à plusieurs châteaux, dont l’un habité par Guy de Lom­bard, « le bâtard français », et un autre par le fils homo d’un noble qui ne veut pas qu’il chante ; les moines bêlant « Jesus Chris­tus Domine » tout en se frap­pant le front avec leurs mis­sels ; les cheva­liers qui dis­ent « Ni » ; le red­outable Cheva­lier noir ; Tim l’Enchanteur; et autant d’autres per­son­nages déjà con­nus avant même qu’ils n’entrent en scène. Les révi­sions apportées par Eric Idle per­me­t­tent au spec­ta­cle de se mon­tr­er à la hau­teur du film, en y ajoutant quelques élé­ments dif­férents mais tou­jours dans le même esprit déluré.

C’est ain­si qu’Arthur se rend compte que pour mieux réus­sir dans la mis­sion que Dieu lui a con­fiée, il lui faut trou­ver un Juif qui puisse le con­seiller, il porte son dévolu sur un vio­loniste per­ché sur un toit et qui joue une hora sur laque­lle les preux cheva­liers vont pou­voir danser (pour cette présen­ta­tion, le Saint Graal est caché sous le fau­teuil d’orchestre C101, ce qui vaut au spec­ta­teur ou à la spec­ta­trice qui l’occupe de mon­ter sur scène pour recevoir les remer­ciements d’Arthur en per­son­ne). Tan­dis que le brave Sir Robin con­tin­ue d’être aus­si peureux que dans le film, Sir Lancelot se décou­vre soudain des ten­dances homo­sex­uelles, un change­ment d’attitude très con­tem­po­rain et qui se traduit par un grand et entraî­nant numéro de cla­que­ttes aux couleurs LGBTQ+.

À cela s’ajoute les chan­sons créées par Idle et DuPrez qui col­lent à l’action et dont cer­taines passent agréable­ment avant de s’effacer tan­dis que d’autres ser­vent d’excuse pour des moments musi­caux qui per­me­t­tent à une large dis­tri­b­u­tion de danseurs et de chanteurs, sou­vent habil­lés dans des cos­tumes col­orés et seyants dus à Jen Caprio, de s’extasier et d’étinceler sous les éclairages lumineux de Cory Pat­tak, et dans les mul­ti­ples décors cha­toy­ants (y com­pris « une forêt som­bre et très coû­teuse ») imag­inés par Paul Tate dePoo III, le tout sur un ton enjoué et délibéré­ment extravagant.

Spa­malot- Leslie Rodriguez Kritzer ©Matthew Mur­phy et Evan Zimmerman

Leslie Rodriguez Kritzer, déjà remar­quée dans la récente pro­duc­tion de Beetle­juice, est sen­sa­tion­nelle sous les traits de la Dame du Lac, un rôle qui lui per­met de bris­er le mur du son à plusieurs repris­es et notam­ment dans deux airs, « Diva’s Lament » dans le deux­ième acte où elle se demande pourquoi elle n’est pas en scène plus fréquem­ment, et dans « Come with Me », un duo avec James Mon­roe Igle­hart, récent transfuge du Génie dans Aladdin, en pleine pos­ses­sion de ses moyens vocaux et artis­tiques dans le rôle d’Arthur.

Dans le reste de la dis­tri­b­u­tion, Taran Kil­lam et Michael Urie se dis­tinguent respec­tive­ment dans les rôles de Sir Lancelot et de Sir Robin (« qui‑n’est-pas-aussi-brave-que-Sir-Lancelot »), avec Nik Walk­er excel­lent job sous les traits de Sir Gala­had, et Christo­pher Fitzger­ald très amu­sant dans le rôle de Pat­sy, le ser­vant d’Arthur.

Même si c’est du déjà-vu, Spa­malot n’a rien per­du de sa fraîcheur et de son allant. Cette reprise devrait pou­voir rester à l’affiche pen­dant des mois… et qui sait, peut-être même quelques années.

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