Steeve Brudey, le dandy de La Vie parisienne

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1881

Steeve Brudey, pou­vez-vous nous par­ler de votre parcours ?
J’ai étudié à Brest l’art dra­ma­tique puis le chant lyrique. C’é­tait un peu par hasard, je ne me des­ti­nais pas du tout à être comé­di­en ou chanteur. Au départ, je pen­sais être jour­nal­iste, puis prof de philoso­phie, mais ça m’a amené ailleurs, au tra­vers des ren­con­tres. Dès la fin de ma pre­mière année de con­ser­va­toire à Brest, j’ai eu une propo­si­tion de jouer un petit rôle dans une pièce puis le reste est allé assez vite.

Par­mi les spec­ta­cles musi­caux dans lesquels vous avez joués, il y a notam­ment Le Roi Lion.
Le Roi Lion a été un moment charnière. J’avais beau avoir eu une for­ma­tion de chant, je n’avais encore jamais chan­té dans un spec­ta­cle. J’ai envoyé ma can­di­da­ture sans vrai­ment savoir ce que c’é­tait, je ne m’y con­nais­sais pas beau­coup en comédie musi­cale à l’époque, et je me sou­viens que les audi­tions ont duré très longtemps. C’est là que j’ai fait ma pre­mière expéri­ence de chanteur, ça a duré trois ans.

Quel sou­venir en gardez-vous ?
Ça a été mar­quant. Toute la troupe a été mar­quée. Le spec­ta­cle a été créé en 2007, et aujour­d’hui encore, on est très proche pour beau­coup d’en­tre nous. J’y ai ren­con­tré des artistes for­mi­da­bles. J’en garde aus­si un sou­venir artis­tique­ment fort, car le spec­ta­cle est très beau. Enfin, ça été une école ter­ri­ble car j’ai dû appren­dre tous les rôles puisque j’ai été dou­blure Mufasa, Scar, Pum­ba plus l’ensemble !

Quel a été votre pre­mier con­tact avec le Fes­ti­val de Saint Céré ?
A la fin du Roi Lion, il y a eu des audi­tions pour une pro­duc­tion de Lost In The Stars à Saint-Céré. Je savais que je ne pou­vais pas faire toutes les dates car je devais jouer dans Encore un tour de péda­los d’Alain Mar­cel. Ils ont accep­té que je passe l’au­di­tion. Je suis pris sauf qu’Er­ic Perez, met­teur en scène, avait oublié mes indisponi­bil­ités. Je ne fais donc pas le spec­ta­cle, il se passe quelques années durant lesquelles on garde le con­tact. Une année, je jouais dans La Péri­c­hole d’Of­fen­bach, avec Jean-Michel Fournereau à l’Opéra de Rennes. Il s’avère que l’Opéra Eclaté [la com­pag­nie de théâtre basée à Saint-Céré] fai­sait égale­ment une Péri­c­hole et j’ai été rap­pelé un beau jour pour faire un rem­place­ment au pied levé. C’est comme ça que j’ai renoué avec cette com­pag­nie avec ensuite L’Opéra de Quat’­sous, puis La Travi­a­ta qui a été mon pre­mier spec­ta­cle joué au Fes­ti­val de Saint-Céré, les autres ayant été en tournée.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans ce festival ?
Sa diver­sité, celle de sa pro­gram­ma­tion, mais aus­si des artistes qui y par­ticipent. On retrou­ve des artistes dans dif­férents spec­ta­cles, un soir dans un opéra clas­sique, un autre dans un réc­i­tal de chan­sons. On y ren­con­tre des artistes venant de partout, de France et d’Eu­rope, et cet aspect est très fort. C’est aus­si la décou­verte d’une région, le fes­ti­val est implan­té non pas qu’à Saint-Céré mais dans tout le départe­ment et incite à voy­ager. Enfin, la par­tic­u­lar­ité cette année, c’est que je joue dans La Vie Parisi­enne mais j’ai aus­si mis la main à la pâte dans le tra­vail d’autres artistes, notam­ment sur le spec­ta­cle Un Soir à Broad­way, et je trou­ve ça très intéressant.

Par­lez nous de cette Vie Parisi­enne, abor­dée sous un angle très pop.
Cette œuvre a été créée en 1866. L’idée des deux met­teurs en scène, Olivi­er Des­bor­des et Ben­jamin More­au, était de faire un par­al­lèle entre 1866 et 1966. En 1866, la France est en pro­grès économique, et en 1966, on est dans une péri­ode sim­i­laire de crois­sance. C’est l’époque de la télévi­sion, de l’ORTF… Et ça marche incroy­able­ment bien avec le livret, avec le trav­es­tisse­ment, es per­son­nages qui pren­nent l’i­den­tité des autres. Cette trans­po­si­tion sur le tour­nage d’une émis­sion télé de l’époque fait mouche et souligne le comique du livret.

Par­lez-nous de votre personnage ?
Je joue Bobi­net, qui forme un duo avec Garde­feu, inter­prété par Hoël Troad­ec. Ce duo adore séduire. On ne sait pas s’ils sont entretenus ou s’ils entre­ti­en­nent cer­taines femmes, en tout cas ils sont très séduc­teurs : c’est leur méti­er ! Mis dans le con­texte d’un tour­nage, ils pour­raient être deux présen­ta­teurs… Ils amè­nent la farce et révè­lent les per­son­nages autour. Ils échafau­dent des plans com­plète­ment dingues mais ce sont les autres qui se plient en qua­tre pour eux.

Quelles sont les chal­lenges de ce spectacle ?
Le chal­lenge est d’avoir à tout faire, car on est dans les ensem­bles, on est solistes, on est comé­di­ens, on est chanteurs, on est un peu tech­ni­ciens car nous bougeons toute la scéno­gra­phie à vue. On est sur le qui-vive tout le temps. C’est assez impres­sion­nant mais c’est aus­si la richesse de jouer dans ce spec­ta­cle : on ne voit pas pass­er le temps !

Et qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre personnage ?
Olivi­er Des­bor­des souhaitait que Bobi­net et Garde­feu ne soient pas dans la farce. Il voulait du beau jeu, à la Gui­t­ry. On sent que l’ac­teur a une petite dis­tance. C’est un défi à chaque fois parce qu’on est au milieu d’une farce, mais qu’il faut rester dans un autre jeu, plutôt classe. C’est agréable car l’hu­mour ne vient pas du même endroit.

Quels sont vos pro­jets pour la prochaine saison ?
Je con­tin­ue à tourn­er avec La Vie Parisi­enne et La Travi­a­ta avec Opéra Eclaté. Je retourne égale­ment jouer au Lux­em­bourg dans une pièce de Sébastien Thier­ry, Comme s’il en pleu­vait. Je suis égale­ment met­teur en scène avec ma pro­pre com­pag­nie à Brest. Enfin, je jouerai le rôle-titre dans Don Gio­van­ni en Guadeloupe.

Notre cri­tique de La Vie parisienne

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